Le 22 septembre dernier, la Fédération Internationale de la Croix Rouge (IFRC) publiait son rapport annuel sur les catastrophes mondiales, dont le sujet principal était la faim et la malnutrition. Et voici une des informations qui en ressort : en 2010, il y avait sur la planète plus de personnes en surpoids et obèses que de personnes souffrant de la faim.
Des chiffres inquiétants
Dans son rapport, L’IFRC reprend les chiffres du Programme Alimentaire Mondial, selon lequel 925 millions de personnes sont sous-alimentées. On y retrouve également les données de l’Organisation Mondiale de la Santé qui estime qu’un milliard d’adultes sont en surpoids et que 500 millions sont obèses.
D’un côté, la suralimentation, le surpoids et l’obésité qui ne cessent de progresser, de l’autre, presque un milliard de personnes qui ne mangent pas à leur faim, « soit davantage qu’au début des années 1970 » souligne dans un communiqué Bekele Geleta, secrétaire général de l’IFRC. Il se dit également « troublé et consterné » de constater de tels chiffres en 2011, « à une époque où la nourriture est partout beaucoup plus abondante, et où les rendements agricoles sont plus élevés que jamais », […], « De fait, alors que près d’un milliard de personnes ont les plus grandes difficultés à s’alimenter en suffisance, un milliard et demi souffrent de leur côté de ce qu’on appelle pudiquement ‘un problème de poids’. »
Concernant l’obésité, voici quelques données supplémentaires qui permettent de réaliser l’ampleur et la gravité de la situation :
– le nombre de cas d’obésité dans le monde a doublé en 30 ans.
– en 2010, près de 43 millions d’enfants âgés de moins 5 ans étaient touchés par le surpoids.
– chaque année, les maladies liées à l’excès de poids sont responsables d’au moins 2,8 millions de décès d’adultes.
– à l’échelle mondiale, le surpoids et l’obésité sont liés à davantage de décès que l’insuffisance pondérale.
– si rien n’est fait, 1,5 milliard de personnes seront en surpoids d’ici 2015.
Surpoids et obésité, quelles différences ?
Ces deux termes sont définis par l’Organisation Mondiale de la Santé comme « une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé ». L’obésité a été reconnue comme une maladie en 1997 par l’OMS, c’est d’ailleurs la première maladie non-infectieuse de l’histoire.
Outre les problèmes psychologiques et sociaux (mal-être, dépression, discrimination, etc) que l’obésité engendre souvent, il y a également un risque élevé de développer d’autres maladies dont certaines ont de graves conséquences sur la santé : diabète, hypertension, dyslipidémie, problèmes cardiovasculaires (AVC, arythmie et insuffisance cardiaque, etc), apnée du sommeil, arthrose, risque accru de certains cancers, etc.
Pour différencier le surpoids de l’obésité, l’OMS a défini qu’un indice, l’IMC, serait utilisé pour estimer la corpulence d’un individu. On considère donc qu’une personne est en surpoids lorsque son IMC est égal ou supérieur à 25. S’il est égal ou supérieur à 30, on parle alors d’obésité.
Qu’est ce que l’IMC ?
L’indice de masse corporelle (IMC), aussi appelé indice de Quetelet (du nom de son inventeur, Adolphe Quetelet), a pour objectif d’estimer la corpulence d’un individu, pour permettre ensuite d’évaluer les risques pour la santé qui lui sont associés.
L’IMC se calcule en utilisant la taille (en mètre) et le poids (en kg). On l’obtient en divisant le poids de la personne par le carré de sa taille, le résultat est exprimé en kg/m².
Remarque : bien que très utile et juste pour une grande majorité d’individus, cet indice peut se révéler peu fiable dans certains cas. En effet, il ne tient compte ni du rapport masse maigre / masse grasse, ni de la répartition et de l’emplacement des réserves de graisse. Par exemple, une personne particulièrement musclée mesurant 1,85m pour 90kg a un IMC de plus de 26kg/m², alors qu’elle n’est pourtant pas en surpoids.
D’autres mesures comme le tour de taille ou le rapport tour de taille / tour de hanche peuvent également être utilisées facilement en complément de l’IMC.
Un fléau difficile à enrayer
Qualifiée « d’épidémie mondiale du XXIe siècle » par l’OMS, l’obésité gagne du terrain et doit aujourd’hui être considérée comme un problème majeur de santé publique. Enfants, personnes âgées ou habitants des pays émergents, le phénomène touche de plus en plus de monde, dont certaines populations qui étaient encore épargnées il y a quelques années.
Les causes de l’obésité peuvent être multiples, mais dans la grande majorité des cas, les deux principales sont une alimentation hypercalorique et un mode de vie sédentaire. Et il n’est pas évident de faire changer les choses dans une société moderne où l’industrie agroalimentaire incite à la (sur)consommation et où la place de l’activité physique est pour beaucoup quasiment nulle.
Pour conclure, je dirais que le moyen le plus « simple » de lutter contre cette épidémie est encore la prévention et l’information. Il faut responsabiliser la population, et donner aux gens les connaissances nécessaires pour gérer leur poids, et donc leur santé. Et bien que des plans d’action (en France, le Plan National Nutrition Santé par exemple, dont certaines recommandations sont d’ailleurs très discutables…) aient été mis en place pour tenter d’informer et de mettre en garde face au surpoids et à l’obésité, je pense qu’il reste encore énormément à faire, aussi bien à l’égard des plus jeunes qu’envers leurs parents.